26 August 2016

Tour du Vignemale et Gavarnie sur 6 jours

Faisant suite à six jours de vacances en famille à Limoges, en Dordogne puis Toulouse, Sandrine et moi avons prévu de profiter de notre présence dans le sud pour aller dans les Pyrénées y faire une randonnée. J’ai identifié le tour du Vignemale, qui présente l’avantage de nous permettre de découvrir également le cirque de Gavarnie où nous ne sommes jamais allés. Et pour une fois, nous prévoyons un itinéraire ‘cool’ et allons suivre le parcours et les étapes normales préconisées.

J’ai envie de voyager léger, du coup nous irons dormir en refuge et acheterons de la nourriture sur le trajet. Alors j’enfile mes chaussures de trail, et me constitue un sac de 4,5 kg hors boisson et nourriture, environ 6 kg avec !

J1 : Pont d’Espagne – Refuge de Baysselance

Après une nuit sur Toulouse, nous arrivons assez tardivement au Pont d’Espagne, d’où nous débutons le périple vers midi. Les touristes sont encore nombreux, et nous les retrouvons au lac, un téléphérique permettant apparemment de s’y rendre sans trop se fatiguer. Le lac constitue le spot idéal pour notre premier déjeuner.

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Cette première partie d’itinéraire est très verdoyante, et l’odeur des pins présents dans la vallée permet de se sentir tout de suite en vacances. Nous croisons quelques cascades. La montée est globalement très douce tout du long de la journée, et le Vignemale se dévoile maintenant au loin.

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Nous faisons une pause au refuge de la Oulette de Gaube, qui fait face au Vignemale, aux glaciers et une belle prairie où se trouvent des moutons. De là, nous attaquons une montée plus raide permettant de passer le col et d’accéder au refuge de Baysselance (2651m). Nous y arrivons tandis que le soleil commence à baisser à l’horizon. En arrière plan, un sommet caractéristique est visible, il est strié de barres en diagonales et de couleur verte.

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De nombreuses personnes planifient de faire l’un des deux sommets voisins le lendemain, soit le petit ou le grand Vignemale. Et d’ailleurs il y a apparemment la possibilité de louer du matériel sur place.

Notre parcours

  • Distance (km) : 13,1
  • Dénivelé (m) : +1275 -105
  • Altitudes (m) : mini 1453, 2716 maxi
  • Horaires: début 12h09, fin 17h20, durée 5h10

J2 : refuge de Baysselance – refuge de Holle (Gavarnie)

Nous démarrons cette seconde journée vers 7h15, et nous sommes les seuls à entamer directement la descente puisque la proximité du Vignemale a attiré tous les autres randonneurs.

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A la descente, nous traversons un névé et un pont de neige. Je repense à mon stage terrain montagne du Club Alpin Français durant lequel les instructeurs nous ont rappelé la dangerosité de ce type de passage, souvent mésestimé. Et d’ailleurs nous apprendrons plus tard que quelqu’un est passé à travers le fameux névé et est tombé 3 mètres plus bas, heureusement sans conséquence. Nous basculons dans un vallon où la lumière matinale vient chatouiller les pentes.

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Au fond du vallon, nous rejoignons un petit lac formé par un barrage, accessible en voiture. Nous croisons un berger et ses chiens, à la recherche d’une vache égarée. Ses chiens partent en chasse après les marmottes, qui se jouent bien d’eux. Elles les narguent, les chiens courent dans la pente pour les attraper, et les marmottes se réfugient au dernier moment dans leurs tanières après avoir poussé un petit cri.

Nous arrivons à notre destination de la journée, le refuge de Holle (1495m) un peu après midi. Le refuge est très civilisé car situé dans la vallée et accessible en voiture, alors c’est l’occasion de prendre une bonne douche. J’oublie mon altimètre dans la douche et m’en rends compte 45 minutes plus tard, mais il a déjà été volé. Un comble alors que nous n’étions que 4 randonneurs arrivés à cette heure précoce. Le gardien nous indique que des gens sont passés pour se restaurer, ils seront probablement repartis avec ma montre.

Dans l’après-midi nous allons faire une petite balade et découvrons le village de Gavarnie. Nous en profitons pour faire quelques provisions pour les repas de midi des jours suivants. Au passage au retour, Sandrine repère un gros lézard vert, qu’est ce ?

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Le refuge sera plein ce soir là, et extrêmement bruyant dans la salle à manger.

Notre parcours

  • Distance (km) : 17
  • Dénivelé (m) : +238 -1347
  • Altitudes (m) : mini 1489, maxi 2639
  • Horaires: début 7h18, fin 12h24, durée 5h05

J3 : refuge de Holle (Gavarnie) – Refuge de la Brèche de Rolland – Pic du Tallion

Cette troisième journée devant être un peu plus longue en théorie, nous décollons vers 7h. Depuis le village de Gavarnie, nous approche en fond de vallée et découvrons progressivement le cirque. Sur la base d’un livre de topo que nous avons acheté récemment – Pyrénées, Les randonnées du vertige – j’ai sélectionné et bouturé plusieurs itinéraires proposés pour parcourir le cirque en dehors des sentiers battus. Enfin c’est ce que je croyais tout du moins. Nous prenons un chemin sur le flanc gauche en direction du refuge des Espuguettes, pour s’engager ensuite sur le sentier des Espugues jusqu’à L’Hostellerie du cirque. Nous pensions faire une randonnée vertige, il s’agit en fait d’un chemin bien tracé à la fois sur les cartes et le terrain. Nous sommes déçus de voir que ce topo “randonnées du vertige” n’est pas dans le même esprit de tout les autres. Depuis l’hôtel, nous cheminons doucement au cœur du cirque et contemplons ce lieu époustouflant où nous venons pour la première tous deux.

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Pour la suite de la randonnée, nous avions prévu un second segment de ‘randonnée vertige’ qui s’avère être certes escarpé, mais c’est en fait la voie normale qui mène au refuge de la Brèche de Roland. Échec sur toute la ligne. J’avais donc anticipé un peu de recherche d’itinéraire, nous ferons finalement le même parcours que la plupart des randonneurs. J’inspecte les faces du cirque, et franchement il est vrai qu’il n’est pas sûr qu’un autre itinéraire de randonnée puisse exister dans ces faces !

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Une fois arrivés sur l’étage supérieur du cirque, le refuge de Roland se dévoile au loin.

Nous arrivons au refuge vers 13h, et il y a déjà de très nombreux randonneurs, au refuge ou en train de redescendre par la Brèche de Roland.

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Les dortoirs n’ouvrent qu’à 17h – mais pourquoi ? – alors nous prenons un peu de temps pour nous pencher sur le programme du lendemain.
Presque tous les randonneurs sont maintenant rentrés, alors puisque nous sommes encore un peu sur notre faim, nous décidons d’aller faire un sommet voisin, le pic du Tallion – 500m de dénivelé, donné en 3h aller / retour.

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Nous atteignons le sommet en 1h05, et sur cet horaire un peu décalé par rapport à la foule, nous avons la chance de profiter seuls de la vue au sommet.

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Nous rentrons en petites foulées et sommes de retour au refuge deux heures après notre départ. Une mer de nuage se lève progressivement dans le cirque de Gavarnie.

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Au refuge, les gardiens et d’autres randonneurs nous aident à finaliser un nouveau programme pour le lendemain, beaucoup plus ambitieux que ce que nous avions initialement prévu. La météo annonce des averses probables et surtout du brouillard pour demain alors nous saisissons dans le GPS tous les points importants de notre nouvel itinéraire.

Notre parcours

  • Distance (km) : 17,2
  • Dénivelé (m) : +1988 -850
  • Altitudes (m) : mini 1379, maxi 3139
  • Horaires: début 7h09, fin 16h42, durée 9h33

J4: refuge de la Brèche de Rolland – Vire des fleurs – Saint Nicolas de Bujuarelo

Nous démarrons la journée par aller faire un tour au col des Sarradets à côté du refuge. Il nous permet de voir le glacier du Taillon, bien chétif. Nous revenons vers le refuge et tout le cirque de Gavarnie est maintenant pris dans une nappe de nuages, alors nous nous réjouissons d’y être passé la veille. Nous repartons à la brèche de Rolland, et bifurquons vers la gauche cette fois-ci, en longeant la paroi et empruntant un passage de main courante. Le point GPS que nous avons saisi s’avère utile pour retrouver l’entrée d’une grotte. L’entrée est barrée, nous passons outre, et rapidement nous trouvons le sol glacé et des stalagmites de glace. Sandrine m’attend dans la salle principale tandis que je pousse l’exploration sur une centaine de mètres.

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Sortis de la grotte, nous accédons à une première plaine verdoyante en franchissant quelques lapiaz.

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Nous atteignons une petite plaine où réside un petit cour d’eau et poussent de jolies fleurs blanches.

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Puis descendons dans un bassin assez lunaire qui contraste avec la section précédente !

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Le champ de lapiaz qui suit sera relativement long à franchir, et il nous donne accès au début de la vire des fleurs, que nous trouvons plus facilement que je ne l’appréhendais.

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Sur cette vire des fleurs, nous croiserons deux personnes, mais presque aucune fleur. Sûrement n’est-ce pas la bonne saison. Le brouillard omniprésent disparaît et laisse apparaître parfois des verticales incroyables et un cadre somptueux.

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A la sortie de la vire, nous franchissons une belle plaine d’herbe, où se dessine comme une tête d’animal.

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Sur le trajet, nous croisons de nombreux animaux : troupeaux d’izoards, des marmottes en nombre et un grand rapace qui vole au dessus de nous. Manifestement il ne doit pas y avoir grand monde qui passe par là. Nous repartons à l’assaut d’un col protégé par un pierrier interminable.

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Au col, après quelques errements, nous trouvons le départ d’une vire qui serpente et joue les montagnes russes.

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La vire nous dépose en haut d’un beau vallon désert, très rocheux au début, puis rapidement assez vert.

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L’itinéraire de descente, pourtant fortement marqué sur la carte n’est pas visible sur le terrain. La direction étant évidente nous cheminons vers la vallée.

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Arrivés au niveau d’un ensemble de falaises qui barrent l’accès, il n’y a toujours pas trace de l’itinéraire de descente, et ce n’est pas faute de le chercher. La carte le situe non loin des gorges de la rivière, et nous montre aussi que les falaises sont bien moins présentes en rive droite. Et quel paradoxe, c’est sur la portion d’itinéraire qui semblait la plus évidente sur la carte, avec un tracé très épais, que nous allons devoir chercher notre itinéraire dans un terrain scabreux.

Nous prenons le temps de la réflexion et inspectons le terrain, sans comprendre où passe ce fichu itinéraire, puis décidons que nous allons désescalader la quinzaine de mètres de rocher dans le fond de la gorge afin d’accéder aux pentes herbeuses en rive droite, où nous sommes censés croiser l’itinéraire. Le passage est facile, mais très exposé car la mousse est très glissante, et nous ne sommes évidemment pas équipés, alors nous prenons notre temps.

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Enfin libérés, nous hâtons la descente dans l’herbe et la forêt. Sauf que je découvre que nous arrivons à nouveau au dessus d’une nouvelle barre rocheuse. Heureusement, nous trouvons comment la contourner par la droite, et repartons à la descente.

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Nouvelle déconvenue, une autre série de barres se présente à nous, et cette fois-ci il n’est pas question de descendre dans le lit de la rivière car il y a maintenant de l’eau, et que nous ne voyons pas clairement si nous pourrons franchir l’ensemble des vasques. Un point carto et gps plus tard, nous décidons de cheminer à iso altitude sur la gauche afin de trouver peut-être le fucking itinéraire présent sur la carte. Et bingo, finalement, nous le croisons et allons l’emprunter jusqu’en bas de la vallée.

Nous arrivons vers 18h au refuge Saint Nicolas de Bujuarelo, où le gardien nous confirme que l’itinéraire est bien visible à la montée mais très difficile sinon impossible à trouver à la descente. Nous confirmons. Nous buvons notre meilleure pinte de bière (3€, viva Espana) de la randonnée. Nous sommes seuls dans le grand dortoir avec sanitaires et douches rien que pour nous.

Notre parcours

  • Distance (km) : 20,3
  • Dénivelé (m) : +942 -2133
  • Altitudes (m) : mini 1368, maxi 2790
  • Horaires: début 7h17, fin 18h11, durée 10h54

J5 : Saint Nicolas de Bujuarelo -> Banos de Panticosa

L’itinéraire démarre par une portion de chemin et de route forestière en pente douce et pas très intéressante, puis nous accédons à un vallon d’herbe sèche, rempli de vaches et de marmottes.

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Un virage plus tard, l’itinéraire se redresse et nous mène à un col en fond de vallon. Sur le trajet, et de manière assez surprenante, nous choisissons le seul instant sans soleil pour aller piquer une tête dans un beau lac émeraude au pied du col. Inutile de dire qu’on n’y reste pas longtemps.

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Une fois passé le col, démarre une très longue descente agrémentée de nombreux lacs, jusqu’à la ville thermale de Banos de Panticosa.

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Les personnes présentes sont rares et le  nombre de bâtiments à l’abandon élevé, nous ressentons un certain malaise dans ce lieu.

Notre parcours

  • Distance (km) : 21,6
  • Dénivelé (m) : +1336 -1013
  • Altitudes (m) : mini 1323, maxi 2555
  • Horaires: début 8h17, fin 16h07, durée 7h50

J6 : Banos de Panticosa -> Pont d’Espagne

Le sentier du GR démarre immédiatement par une pente à l’arrière du refuge, passe auprès de nombreux lacs, et nous mène au col du Port de Marcadau qui constitue la frontière avec la France.

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Nous marquons la pause pour le déjeuner au refuge de Wallon, et rentrons tranquillement au pont d’Espagne.

Notre parcours

  • Distance (km) : 21,2
  • Dénivelé (m) : +1237 -1193
  • Altitudes (m) : mini 1394, maxi 2541
  • Horaires: début 7h20, fin 13h49, durée 6h29

Parcours total

  • Distance (km) : 110,5
  • Dénivelé (m) : +7010 -7010
  • Altitudes (m) : 1323 mini, 3139 max
  • Horaires : début 26 août 2016 12:09, fin 31 août 2016 13:49, durée 6 jours

Traces GPS

J’ai reçu de nombreuses demandes de partage de mes traces GPS. J’ai longtemps hésité à les publier à cause du passage hors sentier et dangereux que nous avons emprunté en fin de la quatrième journée. Les voici, mais accompagnées d’un appel à la prudence : au départ du refuge de la Brèche de Rolland, à destination de Saint Nicolas de Bujuarelo en passant par la Vire des fleurs, ne suivez pas notre trace dans les gorges mais restez bien sur le sentier !

Infos pratiques

Cartes

  • TOP 25 – 1748 OT Gavarnie
  • TOP25 – 1647 OT Vignemale

6 Comments

  1. Joli parcours, joli récit !
    (mais c’est fou, ce vol de l’altimètre…)

    Reply
  2. Fait tout récemment un tour dans le meme coin, mais en traversée de Pont d’Espagne à Gavarnie (l’avantage de ne pas avoir de voiture au parking !) : très joli !
    Je ne crois pas qu’à Gavarnie les échelles des Sarradets soient “la voie normale qui mène au refuge de la Brèche de Roland”, vu le peu de personnes qui s’y engagent… et l’affluence de ceux qui arrivent depuis le col derrière le refuge, par un chemin bien plus facile ;).

    Reply
  3. Bonjour,

    Nous voulons faire le tour vignemale cet été. Avec vous la trace gpx de ce parcours s’il vous plaît ?

    Aurelien

    Reply
    • Bonjour,
      s’il n’est pas trop tard …
      J’ai partagé mes traces sur la page, au jour le jour en en un seul bloc.

      Reply
  4. Bonjour,

    Quelle belle randonnée ! C’est grâce à vous que j’ai eu envie de le faire cet été. Avez vous la trace GPX de votre parcours par hasard ?

    Merci beaucoup

    Reply
    • bonjour, je vous ai partagé mes traces sur la page, au jour le jour en en un seul bloc.

      Reply

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