27 January 2017

Cascade de glace à Sixt fer à cheval

Pour cette deuxième sortie de cascade de glace de l’année, j’ai ouvert mon livre « Les 600 plus belles cascades de glace des Alpes » et ai choisi l’une des destinations où je n’étais pas encore allé. C’est tombé sur le vallon de Sales, non loin de Sixt fer à cheval, en Haute-Savoie. Il s’agit d’une sortie du Club Alpin Français Ile de France, que j’encadre avec Jérôme B. Nous serons quatre au total, avec Raul A. D. et Quentin M. J’ai d’autant plus hâte de partir que cette sortie est particulière pour moi, puisque ce sera l’occasion de prendre en main pour la première fois mon nouvel appareil photo Olympus OM-D E-M1 mk2 que mes amis m’ont récemment offert pour mon anniversaire !

Après quelques balbutiements de destination, puisqu’un guide nous a informé que les conditions de glace sont mauvaises, nous allons finalement honorer notre réservation initiale au gîte de Salvagny. Le rendez-vous est fixé à mon domicile jeudi soir, et nous prenons la direction de la Haute-Savoie vers 18h45. Nous arrivons sur site vers 1h15, le patron nous a laissé le code d’accès et nos numéros de chambres.

Vendredi 27

Après un levé et petit déjeuner à 7h30, nous bouclons les sacs et allons rejoindre l’une des cascades touristiques du secteur :

Nous arrivons très rapidement au pied de cette imposante cascade. Je prends une cordée avec Raul, tandis que Jérôme sera avec Quentin. Nous sommes tout de suite dans l’ambiance avec une première belle section un peu raide.

La cordée qui nous a précédé descend maintenant en rappel, et nous sommes maintenant seuls sur la cascade.

Quentin fait la deuxième longueur en tête et je trace une ligne parallèle à sa gauche.

J’arrive au sommet vers 12h45 et fais venir mon second. Nous descendons les premiers en rappel. Nos camarades n’ont pas encore débuté le premier rappel tandis que nous enchainons sur le deuxième pour revenir au pied de la cascade et il est alors environ 13h30. Je me poste sur le côté de la cascade afin de saisir les différentes descentes en rappel.

Raul et moi attendons, et rien ne vient. Certes nous entendons des gens crier au loin, mais pensons que cela ne vient pas de nos camarades. Et continuons à attendre. Longtemps. Jusqu’à ce que je reçoive assez un appel téléphonique de Quentin. Leur corde de rappel s’est coincée à la descente, ils sont bloqués et ont besoin de notre aide. Nous empruntons un chemin permettant de remonter jusqu’en haut des cascades. Nous trouvons Quentin, attaché à un arbre dans le milieu de la longueur et Jérôme est sur les cordes de rappel dans la longueur. Je rejoins Quentin en rappel, il me fait le topo de la situation : il est descendu, a constaté que la corde était bloquée, s’est sécurisé sur un arbre, Jérôme est descendu pour aller la débloquer mais n’a pas réussi. Je laisse mon sac à Quentin et m’équipe de sa gore-tex.

Je rejoins Jérôme en rappel. En fait la corde est allée entre la paroi de la cascade et la couche de glace, poussée par le flot de la cascade. Effectivement, il m’est impossible de bouger la corde, même en mettant tout le poids de mon corps, ou en tentant de la tirer depuis le côté. Alors j’emploie la manière forte. Je descends à un endroit de la cascade où je soupçonne la corde de passer, et commence à creuser la glace avec un piolet. J’arrive à faire un trou et heureusement j’ai visé juste : je trouve la corde sous la glace. Alors je continue à creuser en suivant le parcours de la corde. Jusqu’à ce que finalement je tombe sur deux nœuds sur la corde : un huit en bout de corde, et un autre nœud simple qui s’est formé au dessus (?). Une fois les nœuds enlevés, la corde est finalement libérée. Toute l’équipe peut alors descendre, et la corde est sauvée ! Nous sommes tous de retour au pied de la cascade vers 15h30, soit près de deux heures après notre première descente !

Morale de l’histoire, les nœuds en bout de corde ça peut sauver des vies mais ça favorise aussi les coincements de cordes. Comme d’habitude, tout est affaire de contexte et de compromis.

Samedi 28

Parmi les cascades en condition que nous ont cité les guides, nous prévoyons ce samedi d’aller sur une autre cascade touristique:

L’approche est là aussi extrêmement courte et la cascade se dévoile rapidement dans la forêt. Tout le groupe est sous le charme du lieu, la cascade a vraiment de la gueule et repose au centre d’un grand amphithéâtre rocheux dégagé dans la forêt. Quelques cordées sont déjà là mais nous ne nous gênerons finalement que très peu durant la journée.

Nous reconduisons les cordées de la veille et je suis au départ vers 10h. Après une première petite section de mise en jambe, la seconde présente un passage un peu plus vertical. Mais c’est au pied de la troisième que les difficultés s’annoncent.

La première section raide est très déroutante, puisque côté gauche se trouve une glace aérée et trempée qui a perdu de sa consistance et dans laquelle il est malaisé d’ancrer le piolet. Et il est encore plus dur d’y mettre une broche, rien ne tient. Et côté gauche, c’est une cloche assez fine en dessous de laquelle coule le gros débit de la cascade. Et pendant que je réfléchis à comment grimper et me protéger surtout, je me fais généreusement arroser. Heureusement j’ai mis ma veste gore-tex à ce moment là.

Une fois sorti de cette section, la dernière épreuve se présente. Il s’agit d’un passage relativement raide sur une glace assez fine plaquée sur le rocher. Suffisamment peu épaisse pour qu’il soit compliqué de poser une broche. J’utilise le rocher à gauche pour poser les crampons et arrive au sommet.

Je trouve la sortie malaisée car il y a peu de prises pour le rétablissement, seulement un peu de neige sur un rocher bien lisse. Du haut la vue est saisissante avec le village de Samoëns en arrière plan.

Je remercie mes compagnons qui sont habillés de couleur vive, ça aide pour les photos :)

Au sommet de la cascade, après un replat, il reste en fait une dernière longueur, mais l’eau coule à flot et la cascade à cet endroit n’est clairement pas praticable. Vous remarquez ce joli cœur qui s’est formé en son centre ?

Le flanc gauche est quand à lui en bonnes conditions, alors nous allons faire là notre dernière longueur, avec un final dans les bois.

Nous descendons la notre dernière longueur en rappel, et puisqu’une cordée est dans la paroi principale en train d’attaquer la troisième longueur, plutôt que de risquer un rappel au dessus de leurs têtes nous empruntons un chemin dans la forêt.

Dimanche 29

Les températures ont monté, et nous n’avons que très peu de possibilités pour cette dernière journée. Renseignements pris auprès d’un guide local, nous allons sur une cascade plus simple mais qui devrait être en condition:

Arrivés au pied de la première longueur, qui vu les conditions s’avère un cran au dessus de la cotation d’ailleurs, je m’inquiète de voir autant d’eau qui coule dessus. Raul est motivé pour que nous y allions, moi pas trop. Alors je contourne cette première longueur et vais explorer la suite de la cascade.

Jérôme a le même avis, nous ne nous risquerons pas sur le cigare et rejoignons directement la suite des longueurs. La cascade est très horizontale, entrecoupée de quelques ressauts.

Ce sera l’occasion pour Raul et Quentin de faire quelques longueurs en tête.

Et parfois cela se voit dans l’enchevêtrement des cordes :)

Nous terminons la cascade en rejoignant des pistes qui nous ramènent ensuite par la route jusqu’à notre point de départ. Le temps est ensoleillé, il fait chaud, heureusement il s’agissait de notre dernière journée ici.

L’équipe était vraiment sympa et avançait bien, nous avons fait deux belles réalisations, mon nouvel appareil photo est extraordinaire, bref c’était un week-end au top !

Mais j’attends toujours que Jérôme et Quentin paient leur coup pour la corde sauvée, probablement la prochaine fois hein ? ;)

Plan de situation

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