6 January 2017

Initiation cascade de glace à la Grave

Pour cette première sortie d’initiation à la cascade de glace de l’année, je fais équipe avec Florian et Bertrand se joint à nous. Nous aurons 6 participants : Sandrine, Cyril, Flore, Frédéric, Thomas et Alex. J’ai proposé le spot de la Grave, n’y ayant là-bas que trois cascades à mon actif. Nous partons de Paris le vendredi en fin d’après-midi, avec trois voitures dont une de location.

J’ai pris une réservation dans le gîte Au vieux guide, ne me rappelant plus que c’était le gîte où j’étais venu la dernière fois, sans en être pleinement satisfait. Nous y arrivons assez tardivement et nous installons dans le dortoir, où heureusement nous serons seuls.

J1: samedi

Pour cette première journée, après une nuit un peu courte, nous prenons le petit déjeuner vers 8h et allons nous renseigner au bureau des guides. Ils nous conseillent fort judicieusement d’aller dans un secteur que je ne connaissais pas et non couvert par les topos que nous avons. Il est situé au niveau du col du Lautaret et propose quelques courtes cascades d’un niveau modeste, exactement ce qu’il nous faut.

Nous prenons tous le départ vers 10h, et sur le trajet nous pouvons constater l’absence de neige cette année. Nous n’en trouverons qu’une fois arrivés au Col du Lautaret.

Depuis le col où nous nous garons, nous remontons les pentes en direction du sud et allons jusque dans la combe de Laurichard. Face à nous trois cascade, nous choisissons celle de gauche qui est la plus large, et inoccupée:

La Grave – Combe de Laurichard : Bleu (AD+ I 3)

Florian et Bertrand posent deux lignes de moulinette tandis que j’explique toute la théorie aux participants. Certains n’ont pas d’expérience de grimpe en grande voie par ailleurs.

Tout le monde va s’essayer au brochage mais surtout à la grimpe dans deux longueurs, de raideur et de qualité de glace très différentes; cassante à gauche et glace “sorbet” à droite. Florian et moi prenons alternativement place au sommet des voies pour surveiller et conseiller les participants d’en haut.

La nuit arrivant, depuis ma position en haut des lignes, je passe en tête pour aller démonter l’une des lignes et poser un rappel sur un relai situé au-dessus, puis je démonte la seconde ligne à la descente en rappel. S’agissant d’une sortie d’initiation, et connaissant la tendance des débutants à aimer marcher sur les cordes avec les crampons, j’ai pris une corde à double un peu plus ancienne. Il s’avère que son traitement hydrophobe ne fonctionne plus, et dès ce premier rappel je me rends compte que je vais souffrir durant ces quatre jours avec ces cordes gelées.

Toute l’équipe descend au col que nous rejoignons à la nuit. Nous décalons le repas pour avoir le temps de tous passer à la douche et mettons les pieds sous la table. Au menu, une délicieuse tartiflette, mais nous avons tous faim en sortant de table, le menu n’est clairement pas adapté à des journées de montagne comme les nôtres.

Plan de situation

J2: dimanche

Pour cette seconde journée, nous passons aux choses sérieuses et attaquons notre première cascade sur plusieurs longueurs. Nous avons choisi une voie d’une centaine de mètres de dénivelé dans un niveau (très) modéré:

La Grave – Les Fréaux : Les mauvaises années (AD+ I 3)

Je serai encordé avec Cyril et Flore. Nous accédons à la cascade en remontant les pentes dans les bois. Le début est peu pentu et se redresse sur quelques courtes sections.

Je ferme la marche avec mon groupe. L’heure tourne alors les autres cordées devant nous ont judicieusement arrêté leur progression avant la fin de la cascade et ils redescendent à pied dans la forêt sur le côté. Nous clôturons notre dernière longueur et les rejoignons.

Les cordes ont toutes pris l’eau dans cette cascade assez couchée et très humide par passages, mais la mienne est littéralement à éponger. Le gîte ne propose aucun lieu pour étendre nos affaires, et notre pièce de vie est assez exigue alors nous n’avons pas d’autre choix que de les étendre au milieu de la pièce, en prenant soin de ne pas les mettre au dessus des lits, car c’est une véritable douche une fois que les cordes commencent à dégeler !

En fait il s’agit plus d’un restaurant qui dispose d’un dortoir que véritablement d’un gîte. Au menu ce soir une fondée savoyarde. A défaut d’être un bon gîte, c’est un bon restaurant !

J3 : lundi

Ce matin du troisième jour, nous débutons par aller voir les différentes cascades que nous avons relevées dans le topo. Malheureusement un fort brouillard présent plus bas dans la vallée nous empêche de repérer quoi que ce soit. Et je me vois contraint d’aller sur l’une de celles que j’avais déjà fait dans le secteur :

La Grave – Les Fréaux : La Colère du Ciel (D II 3+)

Toute la troupe remonte les pentes dans la forêt en direction de la cascade. Bertrand et Frédéric choisissent de prendre un itinéraire différent du reste du groupe et se mettent en retard, alors nous réorganisons les cordées et je pars finalement avec Cyril et Sandrine.

La voie alterne des portions relativement horizontales avec quelques ressauts plus verticaux. Sachant que mes cordes sont sujettes à prendre l’eau, nous faisons tout notre possible pour éviter de les mouiller.

Nous arrivons en vue de la section raide de la voie. Je tire une longueur jusqu’au pied de la partie difficile. A cet instant je ne le sais pas, mais il est déjà 14h15. Sandrine et Cyril me rejoignent, ils ne sont pas très à l’aise sur le relai qui s’avère peu confortable. Je me lance à l’attaque de la portion la plus raide et rapidement je me daube les bras. Je sors la longueur avec difficulté, c’est manifestement la reprise .. Les conditions cette année semblent avoir transformé notre cotation 3+ en ce que nous évaluons à un petit 4.

Probablement dans l’excitation d’aller enfin me frotter à un passage un peu plus corsé, j’oublie de vérifier l’heure. Mes participants se lancent, et rapidement je découvre que la corde a pris l’eau au relai précédent. Il est impossible d’utiliser le dispositif d’assurage normalement. Démarre alors une interminable galère tandis que je m’épuise à faire passer toute la longueur des cordes gelées à travers mon descendeur. Sandrine qui grimpe dans les difficultés me crie régulièrement “sec sur la verte !” et je peine à suivre le rythme, pourtant très lent.

Lorsque finalement ils arrivent tous deux en haut de la longueur, il est … 17h10. Oups. Il est évidemment hors de question d’attaquer la prochaine belle longueur au-dessus de nous.

Nous mettons en place le rappel et c’est à la tombée de la nuit que nous démarrons la descente …

La cordée de Florian nous attend et nous descendons tous les deux, tandis que la cordée de Bertrand, qui avait beaucoup d’avance à la descente nous laissera une corde sur le dernier rappel afin d’accélérer les manoeuvres. Nous sommes encore dans les rappels tandis que la cordée de Bertrand prend son diner au gîte.

Nous arrivons bien tard mais heureusement, et gentiment, les cuisiniers nous préparent nos assiettes à notre arrivée à table. Et ce sera d’ailleurs le meilleur repas, et copieux cette fois-ci.

J4: mardi

Pour cette dernière demi-journée, j’ai proposé de retourner dans une cascade que je connais déjà. Il s’agit d’une des classiques du secteur, dans le bon niveau de difficulté, que j’ai repéré en partie la veille et me semble en conditions et a l’avantage d’être à 30 secondes du bord de la route:

La Grave – Malaval versant S : Caturgeas – partie inférieure (D- II 3+)

Nous mixons encore les cordées et je serai aujourd’hui avec Frédéric et Flore. Nous fermerons la marche derrière les deux autres cordées, et puisque tout le début de la cascade est dans le même alignement, je décide de ne pas suivre la route évidente des autres cordées, mais de me décaler fortement sur la droite et ainsi éviter les éventuelles chutes de glace de nos camarades. Bien m’en a pris.

Notre itinéraire passe par quelques passages plus délicats, des pétales et une petite partie en rocher.

Dans la montée je suis confronté à un point de passage obligé, puisqu’à droite ce sont des placages qui me semblent fins, plus à gauche nous avons une cloche qui ne demande qu’à être percée, et tout à gauche une section verticale. Alors, comme tous les autres, nous passons au milieu, mais après que Sandrine qui ferme la marche soit passée. Et depuis que nous avons entamé notre ascension, cela vole dans la cascade autour de nous : multitudes de petits glaçons de toutes tailles mais aussi des blocs à démonter une tête. Je me félicite de notre position décalée qui nous a protégé.

Quand nous arrivons au pied de la section suivante, les premières cordées sont déjà en train d’entamer la descente deux longueurs plus haut. Vue l’inertie d’un groupe de six débutants, nous prenons tous la direction de la descente et serons du coup parfaitement à temps de retour au gîte.

Nous prenons la route du retour, il a commencé à neiger et nous ne souhaitons pas nous faire coincer, avec une petite pause vers 16h pour faire déjeuner et diner dans un mcdo sur le trajet ..

Plan de situation

1 Comment

  1. Merci pour cette initiation à ta passion, la cascade de glace :) l’apprentissage s’est fait progressivement, en douceur et dans la bonne humeur. Le paysage des cascade est magique. Je me souviendrai toujours du 3e jour, encordée pour le meilleur et le pire à Philippe devant et Cyril derrière, à tenter d’assurer Philippe avec une corde complètement gelée, et moi frigorifiée, dans un passage plus que délicat ;) …et obligés Cyril et moi de nous lancer là dedans, surtout sans réfléchir :) et les encouragements de Florian derrière, l’optimisme incarné ! …. et finalement le soulagement et la fierté d’arriver tout en haut!! Puis la descente en rappel dans la nuit tombée, à la lumière de la frontale, seuls au monde, sur la glace :) encore et toujours de l’aventure

    Reply

Submit a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Autres sorties …