24 February 2017

Du rocher et des cascades depuis l’Argentière-la-Bessée

Pour cette quatrième et dernière sortie de cascade de glace de l’année, Jérôme B. et moi avons choisi d’aller rayonner depuis le refuge du Moulin Papillon à l’Argentière-la-Bessée. Il s’agit d’une sortie pour le CAF IDF, pour laquelle nous avions ouvert quatre places mais le niveau de la sortie – 4 / 5 en glace – semble avoir rebuté du monde puisqu’au final seul deux participants seront de la partie. C’est donc en compagnie d’Alexandre V. et Sylvain L. que je pars jeudi soir de Paris, et nous retrouverons Jérôme qui est déjà sur place depuis une semaine environ.

Vendredi : Le Ponteil : Le Grand Dièdre

La route a été longue et nous sommes au lit vers 3h du matin, si bien que nous nous décidons de nous lever assez tardivement à 9h. Les températures sont très élevées, alors nous jouons la prudence en choisissant d’aller plutôt faire de l’escalade, sur rocher donc. Le secteur du Ponteil nous est conseillé par Bénédicte la gérante du gîte, et c’est vers la voie Freeday (TD 6a+) que nous nous dirigeons.

J’ai bien conscience que je n’ai pas fait d’escalade depuis un bon moment et que je vais souffrir, c’est donc assez naturellement que je cède la place à mes comparses pour prendre la tête, et je me satisferai bien d’une place de second.

Sylvain s’élance dans la voie et passe sans trop de souci, et Jérôme enchaîne à sa suite. Il me donne l’impression de peiner, ce qui n’est pas pour me rassurer connaissant son niveau habituel. C’est au tour de notre cordée d’y aller, et Alexandre passe la longueur, non sans tirer quelques dégaines. A vrai dire j’appréhende, puisque toute la première longueur est en traversée ascendante, si bien qu’il ne m’est pas vraiment permis d’envisager me reposer dans la corde. Et la raideur, voir le côté déversant, auront raison de moi. Trop dur, trop raide. Alexandre me descend, puis fait un rappel durant lequel je l’aide à rejoindre chacune des dégaines restées en place; elles sont trop désaxées pour qu’il puisse se débrouiller seul.

Pendant que Sylvain et Jérôme poursuivent, nous changeons notre objectif pour une voie plus typée dalle avec quelques passages raides mais plus rares et que je devrais pouvoir gérer en artif si besoin:

Alexandre prend la tête pour l’ensemble de la voie. Nous louvoyons un peu entre les différentes lignes qui rayent la face du dièdre, sans toujours être sûr d’être au bon endroit mais nous atteignons néanmoins la fin de la voie. Deux passages ‘intéressants’ sont à noter, l’un dans un dièdre raide et l’autre sur une remontée sur fissure en dulfer. Dans le second, trop physique pour moi, je couine et mets en œuvre quelques techniques d’artif.

Au final, en bon alpinistes que nous sommes, nous rejoignons le sommet du secteur, et choisissons d’emprunter les lignes de rappel situées à l’ouest. Le sommet a pris la neige, alors nous franchissons de nombreux passages en chaussons d’escalade, les pieds sous la neige. Les quelques passages en descente sont très casse gueule, car les chaussons dans la neige ou sur l’herbe mouillée, ça glisse.

Le premier rappel dépose sur une petite vire, il faut aller se décaler de quelques mètres pour attraper la suite des deux rappels, le dernier se finissant sur un joli fil d’araignée.

Parcours d’approche

Samedi : Val d’Escreins : Profession Homme (D+ II 4+)

Il fait chaud, et c’est donc un peu plus haut en altitude que nous nous dirigeons pour aller chercher de la glace en bonnes conditions. Nous allons donc découvrir le Val d’Escreins ce deuxième jour. Au programme, une très longue approche – donnée en 2h30 – pour aller rejoindre quelques belles cascades dont le niveau d’entrée est dans le 4+:

Le groupe file à très bonne allure si bien que nous sommes au pied des cascades en 2h, bien réchauffés.

Le départ de Profession Homme propose deux versions. Celle de gauche démarre avec 15 mètres de raide à 90° tandis que la branche de droite n’en comporte qu’environ 6 mètres, le reste étant un peu plus couché. L’ambitieux Jérôme attaque la gauche, tandis que je me contenterai bien volontiers de la droite.

Jérôme est à la peine dans sa section raide, ses avants bras chauffent. Il a déjà posé six broches, certaines étant de mauvaises qualité et la dernière n’est même pas vissée entièrement. Sous la fatigue il lâche ses piolets et commence à chuter. Son piolet droit reste dans la paroi, il perd le second. La dégaine du dernier point explose sur toute sa longueur et la broche tient en place – comme quoi c’est costaud, même partiellement vissé ! Jérôme fait une chute d’au moins 5 mètres et touche la paroi du pied gauche, le crampon se casse alors en deux. En fait c’est la barrette centrale qui a cédé, si bien que l’avant et l’arrière ne sont plus maintenus ensemble.

C’est donc un K.O. technique pour Jérôme, qui ne s’est heureusement pas blessé par ailleurs. Il descend dans la vallée pour rejoindre le soleil et nous attendre tandis que Sylvain va se raccrocher à la cordée d’Alexandre et moi.

Je prends mon temps avec du repos pour passer la section raide, dans laquelle j’arrive souvent à crocheter, puis rejoins une section dans laquelle la glace est très cassante et dans laquelle il est fatiguant d’ancrer les piolets. J’arrive enfin au relai à demeure sous un toit rocheux et fais venir mes seconds. Je leur propose de passer en tête, tout le monde sera bien heureux que je poursuive en tête alors je m’exécute.

La seconde longueur démarre avec un peu de raide mais se couche rapidement, la difficulté viendra principalement dans la température de la glace; tous nos coups font apparaître des assiettes.

La troisième longueur présente quelques ressauts raides, mais là encore c’est la qualité de la glace qui est la principale source de difficulté.

Nous attaquons nos trois rappels de descente et je ramasse dans la première longueur tout le matériel laissé dans la paroi par Jérôme.

Le soir au gîte, Jérôme se fait prêter une paire de crampons, ce qui nous permet de planifier de la cascade pour notre dernière journée de dimanche.

Parcours d’approche

Dimanche : Têtes de Sainte Marguerite : La Canaille (TD II 4)

Allons découvrir un nouveau secteur pour cette dernière journée, ce sera les Têtes de Sainte Marguerite, qui a par ailleurs l’avantage d’être sur le trajet du retour et en altitude. Dans ce secteur, nous avons choisi une voie que nous n’aurons probablement pas le temps de finir dans les temps, mais il n’y avait en fait rien de vraiment abordable en terme de temps de parcours :

En se garant dans le village du Casset, nous partons dans le vallon du Petit Tabuc. Nous avançons à très bon rythme et il nous faut environ 45 minutes pour rejoindre le pied des voies.

Les crampons d’emprunt de Jérôme ne sont pas suffisamment affutés, alors il décide de n’en utiliser qu’un, ce sera le pied gauche. Il se lance en premier dans la première longueur, avec Sylvain encordé avec lui. Et il va lutter pendant toute la longueur, tant il a du mal a ancrer le pied gauche.

Alexandre et moi enchaînons derrière, a un bon rythme cette fois-ci, et rejoignons nos camarades dans une grande pente de neige avant l’entrée de la goulotte proprement dite. Le début de la goulotte est en neige, au moins sur une longueur, et au fond nous apercevons une longueur de glace. Mais l’heure a tourné, et nous estimions que nous n’aurons pas suffisamment de temps pour aller toucher la glace et revenir tous à temps.

Nous tirons deux rappels, remballons les affaires, et rentrons au Casset où nous prenons l’apéro et le repas avant le retour sur Paris.

Parcours d’approche

0 Comments

Submit a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Autres sorties …