14 August 2017

Traversée du Pelvoux

L’été avance et ma dernière sortie remonte à début juillet, alors ce week-end prolongé est une occasion à ne pas manquer. Mais il semble que nous ne sommes pas seuls à vouloir prendre la route, la journée du samedi est classée rouge et noir dans la terminologie Bison Futé. Peu courageux, Sandrine et moi décidons de ne partir que dimanche.

C’est samedi que nous sortons les topos et rassemblons les idées, et la traversée du Pelvoux en fait partie. Je dis banco sans avoir encore regardé précisément le topo ou la carte, et appelle dans la foulée le refuge pour vérifier s’il a de la place. Je  perds un peu en crédibilité lorsque je demande deux nuitées au gardien du refuge du Pelvoux qui me répond très courtoisement que la traversée nous amènera dans la vallée à Ailefroide.

Pour la nuitée suivante, nous réservons à l’excellent gîte du Moulin Papillon, situé à l’Argentière-la-Bessée. Je sais que nous y sommes toujours bien reçus par Bénédicte et y mangeons très bien.

Nous sommes tard dans la saison et j’ai quelques doutes sur l’état des glaciers que nous allons devoir franchir. Je prends quelques renseignements autours de moi et les avis sont partagés. Dans le doute, je prévois une autre course – la traversée de l’arête de l’Aiguille de Sialouze, ce qui nous oblige à mettre dans le sac une corde de rappel de 2x60m et l’attirail de grimpe. Si nous faisons la traversée du Pelvoux, le sac sera beaucoup trop chargé mais ce sera le prix à payer pour un éventuel plan B.

Nous préparons nos sacs samedi, je prends le temps de me renseigner un peu sur la course et imprimer des topos, et nous allons nous coucher tôt car le réveil est calé à 5h15 …

Dimanche : montée au refuge

Nous prenons la route à 6h10 et filons pour Ailefroide où nous arrivons à 15h, avec une petite heure de pause en tout. Nous attaquons l’ascension au refuge à 15h30, en sachant que le repas est annoncé pour 18h30 et la montée donnée en 3h30 d’après les panneaux sur le parcours. Alors nous poussons un peu le rythme et bouclons les 1200m en 2h48.

Le repas et le petit-déjeuner sont de très bonne facture, à la hauteur de la réputation du refuge. Mais comme les pâtes étaient un peu trop cuites, le gardien s’en excuse et fait même une ristourne sur l’addition, la classe !

Notre parcours

  • Distance (km): 7,47
  • Dénivelé (m): +1230
  • Altitudes (m): mini 1509, maxi 2700
  • Horaires: début 15h32, durée 2h48

Lundi : La traversée

Le gardien nous ayant confirmé qu’il est encore possible de franchir les glaciers, nous optons pour le petit-déjeuner de 3h30 afin d’aller faire la course prévue:

De tous les groupes dans le refuge, nous comptons environ quatre autres cordées qui semblent vouloir s’attaquer à la traversée. A 4h10 tout le monde est parti et se suit au départ du refuge. Les groupes s’étalent peu à peu, et nous dépassons des groupes ayant fait bivouac plus haut et en train de se préparer à partir. Avant d’accéder à la bosse de Sialouze nous franchissons les quelques pas d’escalade facile en dalle en rive droite.

Les premières difficultés font leur apparitions au pied du couloir de Coolidge, où nous arrivons à 6h30.

Tandis que nous démarrons la montée une première personne fait demi-tour, une très sage décision sachant que nous constatons qu’il n’a tout simplement pas de casque ! Au dessus dans le couloir, une cordée fait partir d’innombrables pierres sur les cordées en dessous. Nous nous décalons rapidement de l’axe pour remonter la première partie du couloir sur sa rive droite. La neige est dure et la glace présente à de nombreux endroits, mais il est toujours possible de cheminer pour l’éviter. Nous progressons a corde tendue, pas très rapidement.

En arrivant au sommet de la première section, et avant que le couloir ne devienne étroit, nous croisons une cordée qui a décidé de faire demi-tour, eux aussi sans casques.

Beaucoup plus bas, d’autres cordées semblent hésiter, ou en tout cas n’avancent pas bien vite. Une personne seule nous rejoins assez rapidement, elle aussi sans casque ! Nous demandons aux gens sans casque de dégager de l’axe et patientons avant de pouvoir nous engager plus haut sans craindre de risquer leur vie.

Nous progressons dans le couloir par à coups, en nous mettant à l’abris dès que possible.

La quasi totalité du couloir est en neige et glace, sauf la sortie qui s’effectue dans un amas de pierres et rochers qui ne demandent qu’à détaler vers le bas. Sandrine en fait partir un peu, mais heureusement nous croiserons plus tard la cordée qui semble donc avoir survécu.

Nous atteignons le sommet de notre parcours, la pointe Puiseux (3943m) à 10h, il nous aura donc fallu presque 6h pour ce que le topo donne en 4h. Il faut dire que l’on a assurément un peu souffert de l’altitude, fraichement arrivés de Paris.

Une cordée a déjà entamée la descente, elle est manifestement plus rapide que nous, nous ne les verrons jamais. Derrière nous, une unique cordée de trois tchèques.

(c) camptocamp

Tandis que nous entamons la descente sur le glacier des Violettes, nous nous enfonçons dans le brouillard plus bas. Alors nous progressons lentement et a l’affut des indices indiquant des crevasses et en utilisant les traces de passage que nous pouvons suivre. Heureusement les crevasses sont encore suffisamment bouchées pour être franchies.

Nous cheminons au milieu des crevasses et le ciel se dégage petit à petit, et c’est une magnifique lumière qui apparaît et vient sculpter ce paysage magnifique. Tant et si bien que sur la section centrale du glacier nous nous arrêtons littéralement tous les 10 mètres pour prendre une photo !

Juste avant de rejoindre la crête rocheuse vers 3420m, nous arrivons sur une crevasse rendue franchissable au moyen d’un corps mort installé par les guides locaux. Nous renforçons ce dernier puis j’entame le passage en traversée suivi par un saut sur un bouchon de neige qui permet de franchir la crevasse, avant de faire venir Sandrine à son tour.

Un premier rappel nous dépose sur une croupe rocheuse, cette dernière nous permettant d’aller rejoindre le passage dit de la Brèche à 3170m, que nous atteignons à 12h30. Deux longueurs de rappel permettent de prendre pied sur la partie basse du glacier des Violettes que nous allons traverser en travers, suivi d’une remontée sur le bivouac Chaud situé sur la croupe rocheuse. Depuis le bivouac Chaud nous désescaladons et allons trouvons un premier rappel, pour enchainer plus loin avec un second qui permet de descendre sur le névé Pélissier.Nous faisons un peu de descente en glissade sur le névé et sortons définitivement de la neige pour aller rejoindre la base du ravin des Planes (2052m). Deux choix s’offrent à nous : le névé des militaires, moins exposé mais qui dépose sur le Pré de Madame Carle, ou la vire d’Ailefroide, plus exposée et d’un cheminement moins évident. Nous choisissons cette dernière option qui nous permet de rejoindre plus directement la voiture.

Nous sommes attentifs au cheminement et au topo et à part un léger écart vers un ravin, nous faisons un sans faute.

La journée a été longue depuis notre levé de 3h30, Sandrine commence à être bien fatiguée et a baissé l’allure. La descente de la vire est donnée en 1h dans le topo, nous mettrons au moins 1h45 pour arriver dans la vallée.

Après avoir rejoins la voiture, nous irons sur le gîte du Moulin Papillon pour un excellent repas, “comme d’habitude” pourrais-je dire.

Notre parcours

  • Distance (km): 11,61
  • Dénivelé (m): +1248 -2400
  • Altitudes (m): mini 1528, maxi 3933
  • Horaires: départ 4h010, arrivée 19h14, durée 15h04

2 Comments

  1. Just a comment to your description: We couldn’t find the path down by the névé des militaires. At the point where a path should go in direction of Pre de Mdm Carle there was no path visible. We have been searching for a while. It’s questionable whether it’s still existing? Eventually we used the vires d’ Ailefroide for descending. It might be interesting for somebody who is planning the traverse. Christian

    Reply
    • Hi Christian,

      Thanks for the information. We haven’t used this path and I can’t remember if anything was visible.

      tom

      Reply

Submit a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Autres sorties …