28 April 2018

Stage CAF goulottes de glace avec guide

Depuis mon séjour en Ecosse en 2014, je n’ai pas eu l’occasion de faire de goulotte de glace. Et ma tentative d’il y a deux semaines est tombée à l’eau faute de conditions correctes. Licia H. et moi avons organisé ce wee-kend un stage CAF de quatre jours le guide de haute-montagne Nicolas Lochu. C’est le dernier jour avant le départ que nous décidons que nous pourrons finalement partir, les conditions de glace mais surtout le foehn menaçaient notre entreprise. Nous sommes trois guide/encadrants et six participants : Benooît C, Charlie VDE, Laurent G., Nicolas J, Yan K et Yulu D. Licia, Yulu et moi prenons la voiture ensemble vendredi soir pour aller rejoindre le gîte Les Méandres aux Houches. Le trajet est compliqué par deux accidents, si bien que nous nous couchons à 1h40. Le reste du groupe est soit déjà arrivé en voiture, et Laurent a pris l’avion et nous rejoindra demain matin.

Samedi : Goulotte Chéré

Tout le monde se retrouve directement à la benne de l’Aiguille du midi le samedi matin où Nicolas nous accueille. Nous prenons directement l’une des premières bennes, et sans passer par le refuge nous dirigeons droit sur notre objectif. Grosse surprise, il n’y a personne ; tandis que j’ai toujours constaté beaucoup de monde dans cette voie à chacun de mes passages au Tacul.

La pente d’accès est tout en glace assez dure. J’enchaine derrière la cordée de Nicolas, avec Laurent et Charlie. La goulotte est assez pauvre en glace et nous impose un petit passage sur le rocher, délicat en tête. Je rejoins la cordée de Nicolas, ce dernier a décidé que nous arrêterons là car un peu de mauvais temps s’annonce mais surtout il est déjà 15h30. Le temps que mes seconds me rejoignent et que l’on installe le rappel, nous sommes à la descente à 16h20.Nous retrouvons les sacs que nous avons laissé avant la rimaye, redistribuons le matériel et allons rejoindre le refuge. Les premiers effets de l’altitude se font sentir, et l’un de nos participants, Yan, va nettement moins bien que le reste du groupe. Nous avons un médecin dans le groupe, qui l’inspecte et avec le guide ils prennent la décision d’appeler les secours pour avis médical. Nous mettons Yan dans un caisson hyperbare, et le PGHM décide qu’il est préférable de tenter de le descendre pendant que c’est encore possible car ces prochains jours la météo s’annonce mauvaise et il n’est pas sûr qu’ensuite cela soit possible. L’hélicoptère de secours tente une approche et survole à plusieurs reprise la plateforme du refuge où sont positionné Nicolas et Yan, mais le vent est fort et surtout tourbillonnant. La manœuvre est abandonnée, l’hélicoptère rentre dans la vallée.

Notre parcours

Dimanche : secours et exercices

J’ai beau avoir l’habitude, je dors toujours aussi mal en altitude. Ce dimanche, puisque les secours nous l’ont demandé, nous n’avons pas d’autre choix que de descendre Yan. Alors Nicolas, Laurent et moi faisons l’aller retour jusqu’u téléphérique de l’Aiguille du midi pour y déposer Yan. Il descendra à Chamonix et se sera malheureusement la fin du stage pour lui. La météo est aujourd’hui très mauvaise et nous ne ferons pas de goulotte, mais autant profiter malgré tout de la journée autant que faire ce peu. De retour vers le refuge, nous repérons une belle congère relativement à l’abri du vent qui a forci. Nous appelons le reste du groupe à nous rejoindre, et y organisons un ensemble d’exercices d’assurage et progression en neige.Le soir au refuge, nous décidons du programme du lendemain, et compte tenu des niveaux assez disparates nous pensons qu’il est préférable de scinder le goupe en deux. Yulu et Nicolas iront aux pointes Lachenal, le reste des participants fera la goulotte Pelissier aux pointes Lachenal avec Nicolas. Ne reste plus qu’à décider qui d’entre Licia et moi ira avec Nicolas, et le choix est rude. Je me dévoue car Licia n’a finalement pas eu l’occasion de beaucoup faire de goulottes dans sa “carrière alpinistique”.

Lundi : Pointes Lachenal

Ce lundi est très contrastée avec hier et c’est sous un magnifique soleil, et un peu en retard que nous partons du refuge vers 8h45. Une rapide vérification des DVA nous révèle que celui de Nicolas n’a pas de piles, alors il repart au refuge en chercher. Nous prenons enfin la route pour la course du jour:

Arrivés sous la première pointe vers 9h50, nous nous équipons je fais un ensemble de rappels et apprentissages pour Yulu et Nicolas que je vais mettre en posture d’autonomie et même passage en tête. Yulu assure Nicolas et moi tandis que nous passons la rimaye, que je n’ai pas réussi à localiser mais très probablement présente. Ensuite, je me décorde complètement et donne mon brin à Nicolas, qui est alors encordé sur deux brins avec Yulu. Il s’élance sur la pente de glace, avec moi à ses côtés en libre. Mais à la première broche qu’il pose, je me rends compte que ces crampons sont mal mis, alors que nous avions tous vérifiés nos crampons peu de temps avant. Une fois pris le temps de les remettre, il repart et .. je me rends compte qu’ils sont encore complètement défaits. L’heure tourne, et nous n’avançons pas assez alors je décide de redescendre Nicolas et je prends la tête de la cordée. J’enchaîne rapidement deux longueurs en glace et nous amène sur l’épaule. De la première pointe, nous prenons la direction de la seconde. Nicolas et Yulu n’ont pas encore trop l’habitude d’évoluer sur du rocher enneigé. La motivation de mes compagnons baisse à mesure que la météo s’est dégradée, alors nous convenons que nous n’irons pas jusqu’à la troisième pointe. Nous accédons au sommet de la seconde pointe. Afin de gagner du temps je décide d’utiliser une corde en place pour initier le rappel directement depuis le sommet, et m’élance en premier pour aller rejoindre les pentes en glace et aller y installer le rappel suivant. Je fais un abalakoff doublé d’un relai sur broches et fais venir Yulu et Nicolas, il est alors 15h. Je tire le rappel et découvre qu’il s’est coincé, alors je repas au sommet en m’assurant sur la corde. Et tout en remontant les pentes de glace et en escaladant une partie rocheuse, j’essaie à intervalles réguliers de décoincer la corde mais en vain. Tant et si bien que je suis maintenant à 5 mètres du sommet, devant une belles dalle assez technique à passer. Il sera difficile de continuer à m’assurer ici, alors j’installe de quoi faire une remontée sur corde. Il est vraiment fatiguant de se hisser à cette altitude, sachant que cela fait plusieurs jours que je dors excessivement mal. Je reconnais au loin le groupe avec Licia et Nicolas qui revient de la goulotte Pelissier. Ils obliquent pour venir nous aider. Pendant que je finis mon ascension, débloque mon rappel et entame la descente. Nicolas rejoint mes participants restés au relai puis s’occupe de les faire descendre. Une fois tous en bas, nous remontons le glacier du géant pour arriver au refuge.

Notre parcours

Mardi

Cette journée était censée être la plus belle. Ce ne sera pas vraiment le cas. Tant et si bien, qu’après avoir envisagé de revenir à l’Aiguille par l’arête des Cosmiques, nous abandonnons même ce projet et allons juste rentrer par le glacier. Il faut dire que la troupe – et moi particulièrement – est par ailleurs assez fatiguée alors c’était probablement plus raisonnable comme cela. Nous sommes de retour sur Chamonix en fin de matinée. Nicolas nous propose d’aller faire du dry, et le camp du “non merci c’est sympa mais je préfère éviter” l’emporte. Alors à la place, et c’est moins glorieux, nous nous posons dans une pizzeria de Chamonix tous ensemble.

2 Comments

  1. Super résumé d’un super stage et très belles photos ! A+ Philippe :)

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  2. Merci pour les belles photos Philippe :) Ce récit me donne trop envie d’y retourner l’hiver prochain..dès que possible!

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